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Aventure en lave…
Par Yvette Libert

Schéma de construction pour un projet de décoration sur plaques de lave
Jean-Claude Libert, 1970 . Feutre et pastel sur papier. 80 x 60 cm
Collection privée

J'ai découvert en 2012 une œuvre sur papier singulière dans l'atelier de mon mari Jean-Claude Libert.
Elle était bien cachée dans un grand carton à dessin… C'était un schéma de construction  à l'échelle réelle (80 x 60 cm) que le peintre avait dessiné en 1970 pour un projet de décoration sur plaques de lave de Volvic. Le dessin géométrique, la taille des plaques (40 x 20 cm), l'indication des émaux avec leur référence numérotée, tout y était.  Jean-Claude Libert m'avait laissé une œuvre inachevée qu'il fallait réaliser…

Je me suis mise alors au travail, d'abord en choisissant avec un grand soin les émaux correspondant aux indications qu'il m'avait laissé, émaux que j'avais gardés bien précieusement depuis longtemps puis avec l'aide de mon fils Guillaume nous avons fais la préparation, le mélange des couleurs, les essais avec les échantillons, la pose délicate au pinceau des couleurs sur la lave brute, en respectant les proportions et en laissant une réserve pour que l'on puisse voir la composition.


Plaque de lave. Format 80 x 60 cm. 2012. Collection privée

Le résultat après la cuisson fut à la hauteur de nos attentes, surprenant. Les couleurs étaient éclatantes, la composition géométrique bien respectée. C'était une belle œuvre, représentative de la tendance géométrique dans laquelle mon mari se trouvait dans les années 50 et qu'il aurait voulu réaliser lui-même s'il en avait eu le temps…
Nous étions si heureux Guillaume et moi que nous avons décidés de nous attaquer à d'autres œuvres sur papier. C'était devenu presque un jeu; une exaltation nous animait. Quelle surprise allais-je faire encore ?


Gouache sur papier de Jean-Claude Libert, 1956. Collection Atelier Libert

La deuxième œuvre sur papier de Jean-Claude Libert était de facture plus moderne. Mais le peintre n'avait pas fait de schéma. C'était autour de Guillaume de faire une mise à l'échelle… Nous avions  l'expérience de la première, les couleurs étaient prêtes, le stock de plaques de lave (près d'une centaine) avait été acheté en 1970 à un fournisseur de Volvic en Auvergne, terre des volcans…

Vint ensuite la mise à l'échelle pour l'exécution sur plaques de lave.
Les bleus étaient magnifiques, mais aussi les rouges, les jaunes, les ocres… C'était une autre œuvre que la gouache originale. Elle était magnifiée, comme sublimée… Il fallait la signer mais ça n'était plus une œuvre originale du peintre. C'était une interprétation sur lave d'après l'artiste.
Il  y avait dans la composition et par le jeu des courbes et des lignes mais sous-jacente, toujours la même volonté de composer avec la rigueur géométrique héritée du passage par l'école de Gleizes… Nous étions les témoins d'une époque que j'avais tenté de remettre en valeur. Celle de la seconde école de Paris.

 

Huile sur papier de Jean-Claude Libert, 1952
35 x 25 cm. Collection privée

Et puis une troisième œuvre sur papier…Une très belle petite huile sur papier de l'époque Gleiziste, qui appartient désormais à l'un de nos plus grands collectionneurs mais que nous avons, un peu pour nous la rappeler, tenté d'interpréter aussi.

 

 

Jean-Claude Libert avait la passion du vitrail. Dans cette huile sur papier, on sent la volonté du peintre d'affirmer, en soulignant d'un trait noir la charpente de la composition tout en jouant sur la transparence des couleurs, la transparence du vitrail. Encore une fois, de cette icône allait surgir autre chose… Une autre œuvre, une seconde naissance, peut-être même une renaissance…

 

Découverte du nombre d'or
Par Guillaume Libert

Composition musicaliste, 1952
Gouache sur papier 40 x 33 cm

Je ne savais pas encore qu'en m'attaquant à la mise à l'échelle de cette gouache, je m'approchais peu à peu de la section d'or… Avec la quatrième œuvre sur papier, j'allais découvrir la construction secrète de mon père Jean-Claude Libert, où le nombre d'or, le rectangle d'or, le triangle d'or et la spirale d'or étaient présentes…

  

 

Ma surprise fut grande. Je venais de découvrir une des clefs pour comprendre cette œuvre.
La géométrie, qui s'y trouvait apparemment cachée m'apparaissait alors surprenante par sa rigueur.
La loi secrète du nombre d'or était ainsi révélée dans cette charpente intérieure. J'ai radiographié grâce à l'ordinateur la gouache "Composition musicaliste" pour en analyser la composition, la géométrie et la couleur. Puis, j'ai découvert dans les archives de Moly Sabata que nous avons gardés précieusement dans la bibliothèque, un exemplaire de "l'Atelier de la Rose" publié en 1954 (le n°13) et plus particulièrement une étude de Robert Pouyaud, un des premiers élèves d'Albert Gleizes. Cette étude portait sur un des principes fondamentaux des rotations et translations de plans dont nous allons publier des extraits dans notre ouvrage… Un croquis donnait l'exemple d'une composition "mystique". C'est inspiré de cette étude que Jean-Claude Libert a construit sa gouache mais aussi qu'il s'est servi, tout en gardant le secret de sa composition que seuls les initiés pouvaient comprendre, à une grande partie de son œuvre postérieure à son passage à Moly Sabata, jusqu'à l'éclatement de l'abstraction lyrique dans les années 60.
Cette étude sera présente dans le fascicule, une étude où l'on comprendra mieux nous l'espérons l'aventure spirituelle que Jean-Claude Libert a vécu et qu'il nous retransmet aujourd'hui pour les générations à venir…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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